Au XIIIe siècle, le terme de « jongleur » est un terme assez générique qualifiant en quelque sorte des amuseurs publics, mais recouvrant des réalités assez diverses et aux contours mal définis.
Artistes souvent itinérants, à la différence des « ménestrels » employés par un seigneur ou une ville, ils sont généralement polyvalents, d'autant qu'ils travaillent souvent seuls et risquent donc d'avantage de lasser leur auditoire. Si certains sont autodidactes, d'autres ont été formés dans de véritables écoles de jongleurs, où la transmission du savoir se fait surtout de manière orale.
Musiciens, ils doivent savoir jouer de plusieurs instruments (au moins neuf d'après le troubadour Guiraud de Calenson).
Chanteurs, ils interprètent les chansons écrites par les troubadours et les trouvères (s'ils ne sont pas eux-mêmes « trouveurs » de chansons).
Conteurs, ils racontent les fabliaux, les chansons de geste ou les contes qui leur ont été transmis oralement ou, s'ils sont lettrés, qu'ils ont lus.
Ils peuvent aussi être « bateleurs », manipulant des balles, des couteaux ou d'autres objets avec lesquels ils jonglent ou pratiquent des équilibres.
Certains sont acrobates ou contorsionnistes, d'autres montreurs d'ours ou de singes, échassiers ou prestidigitateurs (alors souvent qualifiés d' « enchanteurs »).
Tous ces artistes sont plutôt mal considérés, notamment par les ecclésiastiques et les autorités, et la littérature les décrit volontiers comme bagarreurs, menteurs, voleurs, ivrognes ou séducteurs, tandis que les clercs les accusent parfois de ne pas savoir chanter correctement. Ils paraissent en outre souvent relativement pauvres, même si certains semblent issus des catégories sociales les plus élevées, et les textes mentionnent régulièrement des jongleurs simplement rémunérés par de la nourriture ou des vêtements. Les plus chanceux ou les plus talentueux peuvent cependant profiter des largesses d'un prince, voire devenir, même temporairement, ménestrels au service d'un riche seigneur ou d'une municipalité généreuse.